Son ordinateur : J'ai des copains ordinateurs qui étaient mieux traités avant Zola. Je vis une sorte de Germinal de l'informatique. Je travaille en violation des accords syndicaux. Week-ends et jours fériés. La nuit, Verlange me réveille pour vérifier une phrase ou réécrire un passage. Après, j'ai du mal à me rendormir. J'ai porté plainte. Autant crier depuis le bagne. Il écrit sans cesse, une authentique pathologie. Mon prédécesseur a rendu sa carte mère. Je crains pour mes jours.
Son carnet : Totale solidarité avec mon camarade l'ordinateur. Je suis une victime d'un serial writer. Avant Verlange, j'étais beau, net sur moi, très séduisant. À la page, en un mot. À présent, je suis noirci. Verlange me griffe, me maltraite, me rature. Aucune considération. J'ai demandé aux autres carnets ce qu'ils étaient devenus. Ils ont disparu. Mon prédécesseur a rendu sa dernière page la semaine passée. Je crains pour mes jours.
Sa bibliothèque : Une fierté digne du Musée du Louvre ou de la pyramide de Khéops. Les livres défilent sur mes étagères interminables, trônant comme des victoires. Verlange reçoit à domicile les plus grands écrivains. Il les lit, les relit et reprend régulièrement des passages. Face aux livres, cet écrivain aussi athée qu'un oiseau libre, adopte une posture de dévot. Il se prosterne devant moi, fait la révérence, se sent d'une modestie de chat de gouttière. Je le regarde du haut de ma littérature, remettant chaque jour cet apprenti en question. Je suis son église, la seule qu'il respecte.
Sa passion : Écrire. Matin, soir, week-ends et jours fériés. Par passion. Vous connaissez une autre forme de respiration ? Moi pas. Si je n'écris pas, je fane. À la sortie de la maternité, le médecin m'a restitué mes affaires personnelles, un stylo et un clavier.
Sa mère : Qui m'a donné mes premiers matins avec des livres au bord des yeux. Il y en avait dans toutes les pièces de la maison. Je suis né sous des tranches et des couvertures. Sous les regards bienveillants des grands auteurs du monde entier. Ces personnages m'impressionnaient. Maman m'a assis sur ses genoux, de sa voix douce, elle m'a dit « regarde, tu verras comme c'est immense et beau ». J'ai lu, je lis, je lirai. Passionnément. Ma mère m'a appris le bonheur.
Sa vision du futur : Des livres, du théâtre, des films, de la musique. Et d'autres livres. Pour que la culture aide le monde à se réfléchir. Parce que la culture ouvre le champ des questions sans enfermer dans les réponses. Parce que ce sont les réponses qui font les guerres.
Les citations qu'il aime :
« N'ayez pas peur du bonheur, ce n'est qu'un bon moment à passer » – Romain Gary.
« Il restera de toi ce que tu as donné » – Simone Veil.
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